La couture, le net et nous

par | Juil 20, 2018

Aujourd’hui, je vais te parler couture. Et de tout ce qui gravite autour.
J’ai dernièrement lu beaucoup de choses, sur Instagram ou sur les blogs. A l’heure où le débat fait rage, j’ai eu envie d’ajouter ma pierre à l’édifice et de te donner mon avis.
Sur la couture, le net et nous.

La couture et moi

J’ai démarré la couture à un moment où l’offre n’était pas celle d’aujourd’hui.
C’était il y a 15 ans.
A part les classiques patrons pochettes, aka Burda, Vogue, McCalls, Butterick et Simplicity et les magazines Burda, c’était compliqué de trouver son bonheur.
Côté tissu, on n’en parle même pas !

Alors quand les patrons japonais ont fait leur arrivée en France, j’ai foncé. Comme beaucoup de couturières, j’ai passé commande chez Junku et Pomadour.
Je possède les 3 volumes Stylish dress book en version originale.
Et beaucoup d’autres.
Et pourtant, ma morphologie n’a rien de celles de japonaises.

J’ai aimé suivre ces défis coutures Japan Party, parce qu’ils nous prouvaient qu’à partir d’un même patron, on peut arriver à des résultats originaux et différents.
Bien que ce ne soit pas des modèles adaptées aux formes des femmes européennes, il y a eu une vague de robes R ou T du SDB. *Désolée pour le langage codé ! C’est de cette façon que l’on se donnait les références des patrons à l’époque.*

Tunique japonaise du stylish dress book volume 1 - Avril sur un fil

Je t’ai sorti une photo d’archives !
Modèle F transformé en G avec les manches de la V
~ Stylish Dress Book – Tome 1 ~

Aujourd’hui, on rigole de cette époque avec les copines.
C’est vrai qu’avec ma morphologie aux formes marquées, j’avais parfois l’air de porter un sac ou une robe montgolfière.
Et pourtant, j’ai progressé et énormément appris.

J’ai moi aussi eu ma période Citronille. Et pour mes brindilles de filles, c’était beaucoup, beaucoup trop large.
Je suis revenue vers les magazines Burda et Ottobre en anglais.

Quand les premiers patrons indépendants ont débarqués en France, j’ai suivi ça de près. C’était une période où le mojo de la couture avait disparu.

Et puis, j’ai testé les patrons Deer and Doe auxquels je suis restée fidèle.
Et quelques autres depuis, avec plus ou moins de réussite.

La couture et Internet

Là aussi, j’ai connu l’époque des dinosaures côté blogo couture. Mon premier blog a vu le jour en 2005, ça date.

Alors quand je lis que la blogosphère couture a changé, que certains comptes Instagram sont des panneaux publicitaires, que le marché des patrons de couture est saturé … ça me chagrine, sans pour autant que je sois en désaccord avec certaines de ces réflexions.

Où il est question de patrons

Je suis avec intérêt la sortie des nouveaux patrons de couture et jolis tissus, sans pour autant y succomber de façon systématique.

J’ai fait un long travail sur mon rapport à la mode et à la couture, sur ce qui me plait et ce qui me va, en quête du dressing idéal. Et là où j’aurais foncé il y a quelques années sur un patron sans me poser de questions, un peu comme avec les patrons japonais, j’y vais maintenant avec beaucoup plus de retenue.

Couture responsable : je continue d'acheter des patrons à des créatrices - Avril sur un fil

Il est vrai que l’offre de patrons s’agrandit saison après saison. Et je ne pense par pour autant que le marché soit saturé.
Car finalement, c’est un peu comme dans le prêt à porter : pourquoi la chemise dans ce magasin te va comme un gant alors que dans celui d’à côté, les boutons tiraillent ?
Pourquoi j’adore mes robes Zéphyr ou Moneta alors que j’ai plus de mal avec ma robe Aldaïa ? *tu sais, la fameuse robe rouge dont je te parle dans ma vidéo bilan des 2 ans sans shopping. Allez, je m’y réessaierais peut-être d’ici quelques temps… je n’aime pas rester sur un échec, mais le manque de tissu m’a fait lâcher l’affaire et j’ai vu tellement de jolies réalisations.*

Robe Moneta - Avril sur un fil
Robe Aldaïa - Avril sur un fil

Chaque marque se doit d’avoir une offre proposant tout type de vêtement. Tu imagines une boutique où il n’y aurait pas de tee-shirts ? Non, bien pour une marque de patrons, c’est pareil !
Après, c’est à toi, à moi de faire des choix éclairés dans cette offre grandissante.

Et surtout, arrêtons de penser que tous les patrons sont faits pour tout le monde, sans avoir à les modifier. 
Il y a des coupes faites pour certaines morphologies, d’autres pas.
Et il peut y avoir des adaptations à faire, plus ou moins importantes.
C’est un fait, c’est comme ça.

La blouse Marthe de République du Chiffon par exemple ne me va pas du tout *je suis jalouse de celles réalisées par les copines*, alors qu’une blouse faite à partir de myosotis de Deer and Doe si.
Et pourtant, ce sont toutes les deux des blouses oversize à volants.
L’une a des pinces, l’autre non.
Et sur moi, sans  pinces, c’est effet montgolfière garanti.

D’où l’intérêt de pouvoir choisir le patron qui collera le plus à notre morphologie et notre personnalité, en fonction de ceux proposé par les différentes marques.

Où il est question de transparence

Il n’est pas toujours évident de démêler le vrai du faux sur le net et les réseaux sociaux.

Il est souvent reproché le manque d’avis critique sur un patron ou un tissu de la part certaines instagrammeuses ou blogueuses *ce que je déteste le mot influenceuses…*. Peut-être n’avons-nous pas le même niveau d’exigence ?
Ou peut-être est-ce elles qui nous cachent un partenariat avec une marque ou une boutique ?
Il y a certainement des deux.

La couture, le net et moi

Pour moi, celles que l’on appellent influenceuses se doivent d’être sincères et authentiques. Il n’y a pas de mal à accepter un partenariat, à recevoir des produits ou même à se faire payer pour écrire un article. *Si tu tiens un blog, tu sais le temps que ça prend de rédiger un article, prendre des photos… sans compter la couture du vêtement ! *
Du moment que tu ne vends pas ton âme et que ton avis est transparent.
Pas besoin d’être véhément, ça peut se faire en toute bienveillance et constructivité. 
Et surtout il faut le DIRE ! Parce qu’en plus d’être obligatoire d’un point de vue légal, ces cachotteries finissent toujours par être révélées au grand jour.

Quand une marque me contacte pour tester ses produits, je préviens dès les premiers contacts que mon avis ne sera pas biaisé par le fait que je les ai reçus.
Il sera sincère.

Idem quand je couds un patron de couture, que je l’ai acheté ou non, j’essaie d’être la plus objective dans mon article. J’essaie d’y apporter de la plus value avec mes remarques, en détaillant les modifications apportées, en notant le confort, la compatibilité à ma garde-robe, le seyant et le style, en précisant mes regrets, … plutôt que de me contenter de critiques gratuites.
Je te donne mon avis. *et il n’engage que moi*

Je me le dois.
Je TE le dois.

Je t’accorde en revanche que mon feed Instagram a cédé à la mise en avant du beau.
Des jolies photos et des belles images.
J’essaie toutefois de contre balancer avec les légendes et les stories où je t’ai récemment montré l’état de mon atelier avant rangement !
Il semblerait que j’oublie de temps en temps ce que je répète à ma grande : les réseaux sociaux, ce n’est pas le reflet la vraie vie.

Où il est question de consommation

A l’heure d’internet, des réseaux sociaux et des patrons pdf, tout va vite.
Très vite.
Certaines boutiques de tissus et marques de patrons commencent à avoir un rythme de sortie de nouveautés semblables à ceux de la fast fashion.
Créer l’envie par l’urgence.

Alors sur ce point de la consommation, je ne saurais que te conseiller d’autre que d’aller à ton rythme, en suivant tes convictions. Il ne tient qu’à nous de changer les choses, et pas seulement pour la couture ! Personne ne nous oblige à céder.
A nous de trouver où positionner le curseur.

Si j’ai arrêté d’acheter de façon systématique les magazines de couture, il m’arrive encore d’acheter certains patrons indépendants bien que ce ne soit pas indispensable.
Parce que le travail de la marque me plait et que j’ai envie de la soutenir.
Oui, j’aime à penser qu’en achetant un patron à un créateur indépendant, je l’aide à faire perdurer son entreprise et à vivre de sa passion.
Devenir consomm’acteur.

Côté tissus, je n’achète que rarement ceux « à la mode ».
En revanche, j’ai encore du mal à ne pas les exposer sur mes étagères.

Achats tissus marché hollandais Strasbourg - Avril sur un fil

Si vraiment, certains propos ou messages publicitaires cachés ou pas te dérangent, fais comme moi : désabonne-toi de ces newsletters, comptes Instagram ou blogs. Rien nous oblige à les suivre !

C’est un peu la philosophie de Marie Kondo appliquée aux réseaux sociaux : ne garde que les comptes qui te mettent en joie et déleste-toi des autres.

Recentre-toi sur l’essentiel.

Pour finir…

Pour finir, n’oublions pas que pour beaucoup d’entre nous, la couture est un plaisir, une passion, un échappatoire.
Alors ne jugeons pas les autres.
Ne nous jugeons pas nous-même.
Et couds ce qui te plait et te fais envie !

Je suis de celles qui pensent que l’on peut changer les choses.
Progressivement, pas après pas.
En mettant le doigt sur le chemin parcouru plutôt que celui qui nous reste à parcourir.

Merci de m’avoir lue jusqu’au bout. J’ai tant de choses à dire… et pourtant, je ne pense pas avoir fait le tour de la question.
J’ai choisi d’ouvrir ce blog pour le partage d’expérience et l’échange. Alors, le débat est ouvert dans les commentaires !

Réflexion : la couture, le net et nous - Avril sur un fil

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